Les perles les plus anciennes proviennent du site de La Quina, en France, datant de 38 000 ans avant notre ère. Elles ont été fabriquées par des Néandertaliens à partir de dents d’animaux et de coquillages… …Tandis que les grandes civilisations de l’Égypte, de la Mésopotamie, de l’Indus et de l’Extrême-Orient connaissaient leur apogée puis leur déclin, l’art de la perle florissait. Les routes commerciales se développèrent ; dès 6000 av. J.-C., le corail de Méditerranée se négociait dans les villes d’Asie Mineure. En 3000, le lapis-lazuli d’Afghanistan traversait l’Asie centrale jusqu’à Sumer, et les Mycéniens échangeaient le bronze contre l’ambre de la Baltique…
Les premières perles de verre ont été découvertes dans les tombes royales égyptiennes du XXI siècle av. J.-C. Mais, un millier d’années plus tard, le verre était un matériau répandu, ce dont témoignent de nombreuses tombes.
L’Égypte antique, dont la civilisation s’étend de 3100 jusqu’à 332 avant notre ère, à travers trente et une dynasties, a brillé dans les arts décoratifs et l’orfèvrerie comme dans tant d’autres domaines. Des matières précieuses telles que le lapis-lazuli, la turquoise, l’or, le jaspe et d’autres pierres fines étaient déjà connues des Égyptiens. Trois millénaires d’expérience leur ont permis de perfectionner et de développer leurs techniques et leurs procédés.
Non loin de Louxor, où se dresse le grand temple d’Amon-Rê, édifié sous la XVIII’ dynastie, s’étend le petit village de Qorna. Ici, une vingtaine de familles fabriquent des perles de faïence d’une qualité que reconnaîtraient doute les bâtisseurs de temples.
La pâte d’argile, teinte par des colorants à base de terre, est étirée autour de tiges pour former des tubes. Débités à la lame de rasoir ces derniers sont mis à sécher au soleil sur des plateaux. On retire la tige centrale, on dispose les perles teintées sur des plaques métalliques, on les cuit sur un feu alimenté à la boue séchée. Avec ces perles, on peut alors créer des compositions très élaborées, comme celles représentées sur les fresques et les bas-reliefs égyptiens. Cette méthode de fabrication élémentaire tire parti de matériaux naturels disponibles sur place sans faire appel à des technologies qui en faciliteraient les opérations.
C’est à notre connaissance le meilleur exemple d’un art qui a traversé le temps en restant très proche des savoir-faire archaïque.
Le Japon fabrique à grande échelle de petites perles de verre, notamment des variétés comme les semences (rocailles) ou les cylindres (bugles).
Cette production offre un choix de couleurs, de taille et de forme infini, d’une qualité absolument inégalée. Ces petits éléments composent l’essentiel de nombreux ouvrages perlés que réalisent les populations indigènes à travers le monde.
Appelées dès le XVI siècle « perles Margarites » par les marchands européens, on les connaît encore sous les noms de perles au poids, de semences (à ne pas confondre avec les graines naturelles) et de rocailles, à cause de leur aspect de petits cailloux. Leur calibrage varie de 0,5 mm à 5 mm, et au-delà. Les bugles sont de petits cylindres fabriqués de la même façon.
Les « délicas » sont des semences modernes cylindriques mises au point par les Japonais.
Les rocailles traditionnelles se fabriquent à partir de longs tubes de verre découpés en toutes petites sections, arrondies ensuite au tambour. Elles présentent de légères irrégularités, qui s’accentuent dans les tailles supérieures, et se remarquent particulièrement dans les tissages. Les délicas, en revanche, sont d’une finition parfaite et donnent des ouvrages perlés sans défaut. Coupées au laser elles sont très régulières et d’une précision idéale pour le tissage.
La Fabrication :
Le façonnage des rocailles par la méthode du verre étiré demande huit opérations, chacune d’elles étant accomplie par des équipes différentes. Tout d’abord, la matière première (composée de sable siliceux, de soude et de colorants chimiques en quantités variables) est chauffée au four à plus de 1300′ C, où elle doit rester un minimum de 18 heures avant de fondre. Le verre fondu est ensuite étiré le long d’une filière de 40 mètres de long, et atteint peu à peu sa couleur définitive en refroidissant. On forme l’orifice en insufflant de l’air par une buse à travers le verre fondu, et c’est la vitesse d’étirage qui va déterminer le diamètre. Cette fibre creuse est alors tronçonnée en sections d’un mètre, puis calibrée par des machines en fonction du diamètre. Rassemblées en bouquets, les baguettes sont débitées en toutes petites pièces, et ensuite récupérées dans une cuve grâce à un système de ventilation.
La pâte d’argile, teinte par des colorants à base de terre, est étirée autour de tiges pour former des tubes. Débités à la lame de rasoir ces derniers sont mis à sécher au soleil sur des plateaux. On retire la tige centrale, on dispose les perles teintées sur des plaques métalliques, on les cuit sur un feu alimenté à la boue séchée. Avec ces perles, on peut alors créer des compositions très élaborées, comme celles représentées sur les fresques et les bas-reliefs égyptiens. Cette méthode de fabrication élémentaire tire parti de matériaux naturels disponibles sur place sans faire appel à des technologies qui en faciliteraient les opérations.
C’est à notre connaissance le meilleur exemple d’un art qui a traversé le temps en restant très proche des savoir-faire archaïque.
source : LE MONDE DES PERLES – Janet Coles, Robert Budwig – éditions Flammarion